6 Anciens Fours Japonais

Les 6 Anciens Fours font références aux 6 zones de production (Echizen, Seto, Tokoname, Shigaraki, Tamba et Bizen) qui se sont poursuivies depuis le moyen-âge jusqu’à nos jours. Maison Wabi-Sabi est fortement attaché à ces céramiques qui expriment la nature, la terre et le feu, en parfaite adéquation et surtout nous en apprend beaucoup à propos de l’histoire du Japon.

En 1948, Fujio KOYAMA 小山富士夫 (1900-1975), passionné de céramique et potier, a nommé les six fours : Nihon Rokkoyō 六古窯. En 2017, ils ont été certifiés Patrimoine Officiel du Japon.

Au printemps 2018, un nouveau projet a commencé à réexaminer les activités humaines dans ces zones, la relation entre l’homme et la nature, et l’origine de la création de la céramique.

A cette occasion, les 6 zones (Echizen, Seto, Tokoname, Kōka, Sasayama et Bizen) créa le Conseil de promotion du patrimoine japonais de Nihon Rokkoyō. Le conseil a réexaminé les compétences et les cultures millénaires de l’artisanat nées dans chacune de ces villes, pour plonger dans la fascination des 6 Anciens Fours japonais.

Source des photos : en.sixancientkilns.jp / mirviss.com

La Céramique Japonaise

Le Japon est un grand pays de la céramique avec un nombre surprenant de zones de production de céramique concentrées dans un petit territoire. C’est une caractéristique tout à fait unique vu du reste du monde. Les céramiques héritant de la méthode de production d’origine existent toujours.

Le processus de pétrissage de la terre et de l’eau, la conception des Utsuwa pour répondre aux besoins, le processus de séchage au soleil et au vent et la cuisson au bois de chauffage. Nous vivons à une époque où nous sommes submergés par les choses, les 6 Anciens Fours fournissent une opportunité de réfléchir à la vie japonaise et à notre relation avec la nature.

La céramique japonaise s’est développée et diversifiée jusqu’à nos jours grâce à l’environnement naturel et le climat du Japon qui sont propices à la fabrication de la céramique.

Les zones des 6 Anciens Fours sont riches en terre qui est le matériau de base pour la céramique. Les caractéristiques vallonnées des paysages ont facilité la collecte de bois de chauffage dans les forêts. La rivière et l’océan facilitant le transport des marchandises et la courte distance des villes a facilité l’achat de la céramique.

Source des photos : Yann san

De Corée et de Chine

La céramique de Sue ou Sueki a été introduite de la péninsule coréenne pendant la période Kofun 古墳時代 (250-538) et le Seyutoki (céramiques qui utilisent la glaçure lors du processus de combustion) a été introduit de Chine pendant la période Asuka 飛鳥時代 (552 à 645) et la période Nara 奈良時代 (710-794).

Les 6 Anciens Fours jouent un rôle important dans l’histoire de la céramique de par son lien profond avec les Céramiques pour le Thé. Les céramiques importées de Chine sont conçues de manière identique et ressemblent souvent à des objets métalliques. Les céramiques imparfaites et les céramiques avec des glaçures à partir de cendres collées n’étaient pas acceptées en Chine.

Ils ont créé une nouvelle valeur pour accepter le design asymétrique et les marques de cendres comme goût et caractéristiques. Les Fours ont été le tournant où la beauté de la céramique japonaise a changé.

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Sources des photos : nippon.com / wikipedia.org / Photo de Yann san

La vaisselle et les japonais

Quand les Japonais mangent, ils tiennent le bol avec leurs mains. Lorsqu’ils mangent un bol de soupe, la plupart des Japonais placent leurs lèvres directement sur le bol. C’est une coutume qui n’existe plus en Chine et dans la péninsule coréenne.

Au Japon, la distance entre la personne et la vaisselle est très proche. Les vaisselles sont souvent personnelles. La plupart des Japonais ont leurs propres bols à riz, tasses à thé et tasses à café.

La vaisselle change tout au long de l’année en fonction des saisons et des plats culinaires. Cela permet à la vaisselle de devenir un élément important de présentation. Ce qui est rarement vu dans le monde.

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Sources des photos : femmeactuelle.fr / 750g.com / fra.nctodo.com

The Six Ancient Kilns

Source des photos : Yann san

Source de la vidéo : en.sixancientkilns.jp

Conseil de promotion du patrimoine japonais

Ce texte vous explique la création du Conseil de promotion du patrimoine japonais. Les 6 anciens fours japonais sont : l’intersection du feu et de l’humanité, du sol et de l’humanité, de l’eau et de l’humanité.

La relation entre les Japonais et la poterie remonte à la période Jōmon. Elle est la première ère historique de l’histoire japonaise coïncidant avec la période néolithique, d’environ 14500 avant notre ère à environ 300 avant notre ère. Lorsque la poterie était utilisée pour des nécessités telles que la conservation des aliments, la cuisine, et les rituels. Elle a non seulement aidé à construire une civilisation et elle a également dépassé les utilisations conventionnelles, pour enrichir la culture du Japon à bien des égards.

De tous les anciens sites de poterie du Japon, les 6 anciens fours (Nihon Rokkoyō) font référence collectivement aux six zones de production représentatives d’Echizen, Seto, Tokoname, Shigaraki, Tamba et Bizen. La production de poterie s’est poursuivie depuis la période médiévale (1185-1603) à nos jours.

Le terme « Six Ancient Kilns » a été inventé par le célèbre spécialiste de la céramique, Fujio KOYAMA 小山富士夫 (1900-1975), vers 1948. Les sites ont été certifiés sites officiels du patrimoine japonais au printemps 2017.

Pour marquer cette occasion, les six villes ont créé un Conseil de promotion du patrimoine japonais. L’objectif était de revisiter la technologie et les cultures qui sont nées dans chacune de ces zones de production au cours des mille dernières années. Créer une occasion de plonger dans les merveilles des Six Anciens fours, dans une nouvelle perspective.

Le printemps 2018 a marqué le début de « Journey. Thousand years. The Six Ancient Kilns ». Un projet visant à réexaminer les racines de la créativité et de la fabrication / production à travers le prisme de la poterie. Permettant d’explorer le comportement humain fondamental et la relation entre la nature et l’humanité. L’espoir était d’examiner : l’intersection du feu et de l’humanité ; la terre et l’humanité ; et l’eau et l’humanité.

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Atmosphère des temps anciens

Le développement de ces fours et de ces techniques de poterie, dont certains datent de la période préhistorique Jōmon, ont été préservés et représentent une contribution importante au monde de la céramique.

Dans ces villes, des vestiges évocateurs de grands et petits fours parsèment encore les collines entourant les villes, tandis que des ruelles en labyrinthe, habilement décorées de murs en céramique et d’outils de four, mènent à de nombreux ateliers de céramique.

Se promener dans les ruelles étroites, conduit par la fumée s’élevant des cheminées aux murs de briques, c’est redécouvrir l’élégante simplicité de l’esthétique japonaise et ressentir les traditions et l’histoire de ces anciens fours

La terre comme expression de la richesse et de l’esthétique du territoire, les montagnes et les collines qui ont continuellement cultivé la poterie depuis l’Antiquité. Les arbres qui allumaient des feux afin de transformer la terre en poterie. Les rivières, partie importante de la vie quotidienne, celles qui reliaient le centre de chaque époque à sa zone de production. L’humain comme symbole de la poterie et comme intermédiaire véhiculant la technologie et la culture. La mer comme fenêtre pour transporter et rapprocher les gens et la poterie.

Source des photos : Yann san

La Terre – Expression de la richesse et de l’esthétique du territoire

« Le facteur le plus important pour qu’un vieux four résiste à l’épreuve du temps est qu’il dispose d’une source de terre, à proximité, qui convient à la fabrication de céramique.

Pendant la période médiévale, les systèmes de distribution modernes n’existaient pas. La terre était collectée près des zones d’habitation pour plus de commodité. Des fours ont été construits et les gens ont expérimenté ce qui pouvait être réalisé avec la terre disponible localement.

La plupart des argiles utilisées pour la poterie peuvent être classées en argile Kibushi, argile Gairome et Kaolin. Tous ont des propriétés plastiques qui leur permettent de conserver leurs formes une fois formées. Le mélange de matériaux non plastiques tels que le Feldspath, le Quartz et le Fer atténue le rétrécissement pendant le séchage et la cuisson, car ces matériaux remplissent les espaces microscopiques de l’argile. Ils changent également la couleur et la texture, ou ce que l’on appelle souvent le Keshiki (le décor des pièces finies).

C’est le mélange exquis et l’équilibre des matériaux contenus dans la terre qui donne à la poterie, l’individualité et l’unicité de sa zone de production.

Tokoname convient aux grands fours. Cet esprit a été hérité et protégé avec beaucoup de soin et peut être mis en évidence dans les techniques des artisans. Pour les artisans, la terre est ce qui est le plus apprécié. La terre peut varier un peu dans son « expression » même si elle est récoltée dans une partie légèrement différente de la même montagne. Les artisans placent leurs messages et leur créativité dans la terre à la recherche d’une pièce unique qu’aucun autre ne peut imiter. C’est pourquoi beaucoup de ceux qui sont encore attirés par le charme et l’attrait de la terre de Tokoname se rassemblent encore ici. »

Naoki SUGISHITA – Directeur du Tokoname Tōnomori (Lien du musée et Lien d’un livre sur Tokoname)

Les montagnes et les collines qui ont cultivé la poterie depuis l’Antiquité

« Tous les 6 anciens fours sont situés dans des zones vallonnées, ce qui est en partie dû au fait que les collines étaient bien adaptées aux fours primitifs sur lesquels les construire. La poterie de Sue ou Sueki, à l’origine des 6 anciens fours, utilisait en partie des fours troglodytes. Des fours ascendants plus permanents, qui utilisaient des pentes pour maintenir des températures plus élevées pendant des durées plus longues. Comme les zones vallonnées fournissaient également le bois de chauffage et le sol propice à la poterie, c’était un choix idéal d’environnement pour la poterie.

La poterie Sueki post-5ème siècle a été créée dans des rainures creusées le long d’une colline, à un angle, ce qui la rendait différente des faïences cuites dans des foyers ouverts. On dit qu’il y avait environ 2000 fours de ce type entre le Tōhoku et Kyūshū. Tous se trouvaient dans des zones vallonnées, face à une plaine.

Le four de Tamba est situé à l’extrémité ouest de l’ancien pays de Tamba, là où une branche de la rivière Kako et les deux rives de la rivière Shitodani se rencontrent. Le four médiéval se dresse sur une colline de la rive gauche, au pied du Mont Kokuzō 虚空蔵山, à environ 200 mètres d’altitude, doucement enchâssé par une belle forêt de feuillus.

Les montagnes environnantes donnent aux personnes, non seulement l’argile et le bois de chauffage nécessaire pour la poterie, mais de nombreuses autres ressources naturelles. Les habitants vénèrent donc les montagnes comme des gardiens shintoïstes et les habitants continuent à vivre et à exercer leurs activités en harmonie avec la nature. »

Yoshiki MURAKAMI – Bureau de la ville de Tamba Sasayama

Les arbres allumaient les feux afin de transformer la terre en poterie

« Le bois de chauffage avait autant d’importance, pour les 6 anciens fours, que la terre. Comme ils étaient situés dans des zones vallonnées, ils avaient accès à un approvisionnement abondant des forêts environnantes, ce qui leur permettait de récolter du bois de chauffage.

Parmi les différents arbres disponibles, on dit que le pin, avec son bon équilibre en huile, était particulièrement adapté à la poterie. Les méthodes de cuisson changent avec le temps et le gaz ou l’électricité sont prédominants dans la poterie moderne.

Le contrôle du feu était essentiel pour les grottes et les fours d’escalade. Bien que la durée pendant laquelle les pièces sont placées dans un four diffère selon la zone. Les fours cuisent sans repos pendant plusieurs jours. Le maître du feu qui était chargé de contrôler le feu du four avait un rôle central dans la poterie, car sa performance affecterait considérablement le résultat.

En vous promenant dans la ville d’Inbe et en descendant dans ses ruelles, près de chaque potier, il y a des tas de bois de pin soigneusement empilés. On voit parfois de la fumée sortir en rythme des cheminées en brique ignifugée. Plus des deux tiers de la ville de « Bizen » sont montagneux avec des formations de rhyolite (roche volcanique de couleur assez claire, rosée ou grise et parfois bleue).

Il est facile pour les arbres de pousser et le pin rouge pousse sur de vastes étendues. Ici, la terre est faite de rhyolite et la terre déposée, comme des galettes de riz, devient de l’argile. Ceux-ci, combinés aux flammes du bois de chauffage, donnent des pièces distinctes et expressives. »

Kei ISHII – Directeur du Centre de gestion des biens culturels enterrés de la ville de Bizen

Les rivières qui reliaient le centre de chaque époque à sa zone de production

« Avant les trains et les automobiles, l’acheminement de la poterie reposait sur le transport par les rivières et par les océans. À l’époque médiévale, la poterie était transportée en charrette jusqu’aux rivières. Même à ce jour, les fronts de mer jouent un rôle important dans nos vies.

Parmi les 6 anciens fours : Seto, Shigaraki et Tamba ont particulièrement mis à profit la commodité des rivières. Tamba avait accès à la zone en aval de la rivière Shitodani. Seto avait ses affluents de la rivière Shōnai ainsi que la rivière Seto et le bassin de la rivière Yata. Shigaraki avait la rivière Daido et la rivière Shigaraki. Les fours ont été installés le long de ces rivières et utilisaient les voies navigables non seulement pour transporter leurs produits, mais aussi pour récolter l’argile de qualité des rivières.

Shigaraki repose au sommet d’une strate appelée « Strate Paleo-Lac Biwa », qui a été déposée pendant le processus de déplacement de la formation du Paleo-Lake Biwa vers son emplacement actuel, plus de 400 000 ans, jusqu’à environ 4 millions d’années. L’argile utilisée pour Shigaraki-yaki est donc un cadeau du Paleo-Lac Biwa. Avec l’abondance de composés organiques, l’argile blanche forme une texture grossière lorsqu’elle est cuite. Cela crée un glacis écarlate ou naturel, unique, avec une chaleur distinctive. »

Noriko OTSUKI – Conservateur du parc culturel de céramique de Shigaraki (Lien du parc)

L’Humain comme symbole de la poterie et comme intermédiaire véhiculant la technologie et la culture

« Les céramistes et les artisans apparentés à la poterie ont perfectionnés et maintenus leurs compétences. Ils ont également facilité le transfert de la nature spirituelle de la poterie dans diverses régions du Japon.

Fujio KOYAMA (expert en céramique et poterie chinoise et japonaise, potier et écrivain) dans un extrait de la collection Fujio KOYAMA, édition intermédiaire : The Asahi Shimbun, 1978 :

« Les origines de la poterie japonaise remontent à Shirōzaemon KATŌ, pionnier de la poterie qui importa les techniques de poterie chinoise. En 1227, Tōshirō est revenu au Japon et il a établi un four à Seto. Ensuite il a commencé à faire de la poterie de style chinois. On dit que c’est l’origine de la poterie japonaise. »

Comme il est mentionné dans le livre, ni l’existence et l’expertise en poterie n’ont été scientifiquement prouvées. Lors de l’examen de l’histoire de la poterie japonaise, il faut noter l’existence de maîtres ou artisans potiers qui sont la force unificatrice de la région. En étant en mesure d’exprimer leur respect et leur honneur envers ces anciens potiers. On peut dire que les artisans des temps modernes ont su faire passer l’esprit de créativité jusqu’à nos jours.

Depuis plus de mille ans, Seto a produit divers types de poterie et de porcelaine dans la mesure où il est dit « qu’il n’y a pas de poterie qui ne puisse être fabriquée à Seto ». Parallèlement à la croissance de la poterie, les gens se sont rassemblés et les communautés se sont développées en donnant naissance à l’expression « Où iriez-vous d’autre que Seto ? » À ce jour, de nombreux Tsukurite (créateurs) perfectionnent leur métier dans cette ville. »

Fumitaka HATTORI – Directeur du Seto City Art Museum (Lien du Musée)

La mer comme fenêtre pour transporter et rapprocher les personnes et la poterie

« Tokoname, Bizen et Echizen font tous face à la mer, qui était le principal moyen de transport de la poterie. Pendant la période de Kamakura (1185–1333) à Muromachi (1336-1573), la poterie était transportée entre la région de Tōhoku et les régions de Kyūshū par des routes maritimes.

De grands pots et vases, tous originaires de Tokoname, se trouvent dans diverses parties du pays, qui font face au port d’Ise. L’océan a également apporté des influences étrangères. Des étrangers arrivaient à Bizen, qui fait face à la mer du Japon, avec la culture et les techniques continentales. La mer n’était pas seulement une voie de transport pour les marchandises. Elle s’est également révélée être une porte d’entrée vers les cultures extérieures.

Le long de la côte de la mer du Japon, des lagunes naturelles se sont formées à l’embouchure des grands fleuves qui se jettent dans la mer, formant naturellement de bons ports depuis l’Antiquité.

Les réseaux de connexion entre ces lagunes ont formé la base de la culture de la mer du Japon. Ils ont contribué à la large distribution de la poterie d’Echizen. À Fukui, il existe des traditions impliquant des visiteurs étrangers. Des artefacts provenant de la péninsule coréenne ont été fouillés. Cela suggère une interaction étroite avec le continent. Fukui était donc la porte d’entrée de la culture continentale. Ces éléments sont ce qui a servi de facteur sous-jacent à la croissance de la culture de la poterie dans la mer du Japon. »

Daisuke HORI – Conservateur du musée des matériaux historiques d’Ota, ville d’Echizen

Imaginer l’avenir de la poterie

« Notre famille aime beaucoup la poterie. Chaque fois que nous allons dans un magasin ou un marché d’antiquités, nous passons beaucoup de temps à observer diverses œuvres. Participant à un atelier de poterie de niveau débutant où j’ai peint des tasses et réalisé des imitations de poterie Jōmon. J’ai été amusé par la nouvelle créativité, se développant dans mon imagination.

Dans le livre « The Beauty of Everyday Things (La beauté des choses de tous les jours) » de Sōetsu YANAGI, il parle d’examiner l’âme d’une assiette : “Une assiette est un objet, mais qui peut dire que les objets n’ont pas d’âme ? La résistance, la durabilité, l’honnêteté ou d’autres vertus sont le genre d’âme qui leur est inhérent.”

La véritable intention derrière cette déclaration ne réside ni dans une sorte de culte animiste, ni dans une vaine tentative de personnifier une assiette. Il se réfère plutôt à l’importance de l’acte autonome d’un individu de nouer une relation avec un objet.

Au lieu de dépendre d’un système de référence externe – car il a tendance à être un ordre établi dans le monde de l’art – il suggère de trouver la valeur découlant de la relation entre l’âme et l’objet, ce qu’il appelle « l’esprit d’un objet. »

Cette façon de penser détache l’utilisateur du produit d’un état passif et le situe à la place, dans un état actif. Cela modifie l’opposition entre le créateur et l’utilisateur, en une relation circulaire, une sorte de discussion. Selon cette pensée, l’utilisation d’une céramique n’est pas quelque chose que les concepteurs peuvent contrôler, mais c’est l’utilisateur qui le créé de manière autonome.

Vous pouvez le comprendre à partir de cette courte phrase de Sōetsu : « Un bon artisan ne poursuit pas les choses au-delà des intentions de la nature ». Il insiste sur l’importance de ne faire qu’un avec la nature », c’est à dire de se tourner vers le non intentionnel lors de ses recherches.

Dans l’acte de créer et de communiquer, le non-respect de l’intention ou du caractère délibéré est en effet possible pour la production incessante de poterie, pour un usage quotidien, plutôt que pour les cas d’ustensiles de thé spéciaux ou d’œuvres d’art uniques en leur genre. »

Dominick CHEN – Doctorat en études d’information interdisciplinaires. Professeur agrégé à la Faculté des lettres, des arts et des sciences de l’Université Waseda, directeur de « NPO Commonsphere » et co-fondateur de « Dividual inc. Ltd. »

Le souhait de profiter des produits d’aujourd’hui

“Yakimono (poterie en japonais) : c’était peut-être un terme courant dans la vie quotidienne depuis la période médiévale. Après tout, les 6 Anciens Fours fonctionnent dans leurs régions respectives depuis la période Muromachi (1336-1573). Je veux également mentionner le terme : Nichijyo sahanji, événement quotidien, ou thé et repas quotidiens. Il exprime symboliquement le temps quotidien des êtres humains à travers les événements quotidiens décidés par chacun de boire du thé et de manger un repas.

J’éprouve une sensation de chaleur quand j’imagine des gens de la période médiévale dépendant de la poterie pour leur thé et leur repas quotidien. Je me demande quel type de vaisselle ils utilisaient pour leur nourriture, dans quel genre d’espaces ils résidaient. La littérature sur la poterie répertorie souvent les pots, les mortiers et les jarres comme des produits populaires.

Le nombre incalculable de personnes qui ont mangé et vécu, chaque jour de leur vie, ont dû utiliser ce type de vaisselle pour servir leur riz, leurs légumes, leur poisson, etc. avant de manger. Étaient-ce des assiettes plates ? Des bols profonds ? le fait de se le demander, est très intéressant pour moi.

Aujourd’hui, nous vivons entourés d’un nombre débordant d’objets. À elle seule, la catégorie des assiettes se décline en toutes sortes de formes et de matériaux. Je pense qu’il est possible de se concentrer sur le rôle de la poterie actuelle et de créer des produits contemporains à la fois nécessaires et acceptables.

Peut-être qu’ils proviendront des produits actuellement fabriqués dans les 6 Anciens Fours. Les créateurs contemporains doivent utiliser des matériaux préexistants pour façonner et diffuser les nouvelles possibilités de la poterie. Un savoir-faire honnête est maintenu de nos jours, mais je ne peux pas m’intéresser à la poterie issue de connaissances nouvellement acquises. Je crois aussi qu’il est important d’avoir une variété de sources de fabrication de poterie que ce soit des ateliers ou des studios, et par une personne anonyme ou un artiste.

Le plus important est de savoir comment les nouvelles formes de poterie peuvent mieux répondre à des formes de vie nouvelles et optimales. Trouver le matériau parfait, tout en tenant compte des ressources limitées disponibles, pour donner naissance à un produit de poterie qui plaira à ceux qui mènent une vie sans fioritures.

Je crois que les 6 anciens fours possèdent de nombreuses années de connaissances accumulées nécessaires pour atteindre cet objectif. À la fin, si les objets créés en fonction des sensibilités de chaque instant, dans le temps, avaient une longue durée de vie. Cela dépendrait de leurs utilisateurs et de leurs utilisations.”

Kazuko KOIKE – Directrice du Towada Art Center. Professeure émérite à l’Université d’art Musashino et membre du conseil consultatif de MUJI depuis sa fondation.