
Lisa BOMBIN
(1978-)
D’origines catalanes et alsaciennes par ses grands-parents. Elle est née à Muret, au sud de Toulouse, en Occitanie.
“Je suis une amoureuse de la beauté du geste et de la beauté de l’imperfection. J’aime voir sur mes céramiques le travail de la main, les traces de doigt au tour, les traces de doigts quand j’émaille. J’aime cette beauté spontanée.”
Elle est Céramiste et Dame du Feu et aime cuire sur four anagama à haute température. Sa rencontre avec la céramique était il y a 10 ans.
“J’aime créer des objets d’arts qui peuvent servir au quotidien ou pour un usage bien particulier, notamment les ustensiles liés à la cérémonie du thé japonaise.”
“J’ai tout d’abord rencontré le maitre céramiste Rizü TAKAHASHI grâce à mon amie Patrizia ROVERE qui m’a fait découvrir son atelier. Lorsque je suis rentrée dans l’atelier, Rizü était en train de tordre l’argile dans tous les sens pour faire une sculpture. Il a levé les yeux vers moi et m’a dit : « Tu veux essayer ? »
Je suis rentrée chez moi et j’ai compris que toute ma vie allait changer. Toutes les semaines qui ont suivies, je suis allée à l’atelier de Rizü avec une seule envie : apprendre. Comme une musicienne fait ses gammes, j’ai appris la gestuelle sur un tour à bâton traditionnel. J’ai appris le Tamazukuri, le pincé, la plaque…Mais surtout j’ai appris toute une philosophie de vie. J’ai appris à voir ce que je n’avais encore jamais vu. J’ai appris la lenteur et l’acceptation. J’ai appris à rester humble.
J’ai eu la chance de rencontrer de belles personnes qui m’ont fait découvrir le japon traditionnel et toute sa beauté. Lorsque j’ai découvert cette esthétique et l’esprit du wabi-sabi, je me suis sentie en accord complète avec elle.”


“Petite, j’observais mon père travailler de ses mains dans son atelier. Il avait fait étant jeune les compagnons en menuiserie et c’est lui qui m’a fabriqué mon premier tour à bâton. Et ce goût des mains qui créent dans l’effort et la durée, je le lui dois, c’est certain.
J’ai aussi suivi un enseignement avec Rizü qui m’a appris à servir « le thé léger ». Là aussi quel moment de grâce lorsque j’ai découvert le chanoyu.
Ensuite, j’ai cuit sur le four Anagama de Rizü et Patrizia. C’est lors d’une cuisson au bois que j’ai rencontré mon compagnon de vie : Maël AMEMIYA LOMBARD. Il me disait avec des mots ce que Rizü me disait avec les gestes. Et j’ai grandi à ces côtés.
Nous avons trouvé un lieu pour nous installer en tant que céramistes, créer notre atelier et notre four à bois. J’ai commencé alors à expérimenter des nouveaux émaux.”
“Je réalise des poteries qui sont dans la lignée de la tradition japonaise et en lien avec la cérémonie du thé. J’aime qu’une céramique soit autant belle qu’utile. Voilà pourquoi je rejoins l’esprit wabi-Sabi. Les plus belles céramiques sont celles qui me racontent une histoire et qui paraissent déjà avoir vécu, vieillies. Celles qui me surprennent quand je les sors du four.”
« Sans usage, il n’y a pas de vision complète, car rien n’accentue la beauté des choses comme leur utilisation juste. C’est ainsi que par l’usage, les maitres de thé s’approchèrent encore plus des secrets de la beauté. Si nous voulons bien voir une chose, nous devons bien l’utiliser. Vivre la beauté dans notre vie quotidienne est l’authenticité de la voie du thé. »
Citation de Sōetsu YANAGI – “Artisan et inconnu“
“La beauté seule qui travaille seulement au service de la beauté ne suffit pas. Il manque quelque chose pour moi.”


“Je me réveille le matin avec une image et je me dis : je vais faire ça aujourd’hui. Ce qui me vient dans la tête m’inspire. Il y a quelque chose d’incroyable que j’ai goûté avec l’esthétique japonaise.
Cette recherche de l’équilibre dans le déséquilibre, ce mouvement dans les céramiques solides comme de la roche. C’est cette dualité qui m’a plu. Le ni trop noir, ni trop blanc, le ni trop parfait, ni trop imparfait.
Ces dernières années, j’ai cuit sur le four anagama de Rizü. Ce sont des cuissons longues qui durent 5 jours et 5 nuits. Ces cuissons sont incroyables autant au niveau du résultat qu’au niveau de l’aventure humaine. On vit au rythme du four et on monte en température tellement doucement.
Les céramiques rougissent à l’intérieur du four. À 1280°C, c’est blanc à l’intérieur. Tellement blanc qu’on ne voit presque plus les pièces. Ce qui me plait surtout, c’est l’écoute intuitive du four. Il y a comme un rythme à trouver quand on met le bois dans le foyer. Cela met tous nos sens en éveil et on donne vraiment de sa personne.”
“À chaque cuisson, je repars avec une force et une énergie incroyable, comme si je pouvais déplacer des montagnes. Comme si à chaque cuisson, je meurs et je renais à moi-même.
Lors du défournement, c’est une surprise ! On ne peut pas se lasser de ce style de cuisson ! C’est un étonnement, des déceptions tout comme des joies.
La plupart du temps, je cuis aussi avec mon four à gaz qui me permet aussi de cuire plus régulièrement, notamment les pièces de mes élèves, ou des commandes de céramiques que j’ai réalisé et qui demandent à être cuites plus rapidement.
Etant donné que je réalise des émaux de cendres, le four à gaz m’offre de belles nuances et me permet de faire de nouvelles expériences. Je travaille les céladons aussi. J’aime chercher, tester, observer, être dans l’expérience. Nous aurons le plaisir, Maël et moi, de faire nos premières cuissons au bois sur notre four anagama qu’il va falloir apprivoiser.”


“Pour moi, les pièces cuites au feu de bois ont un plus. Elles rentrent dans la catégorie de celles qui ont vécues. Elles ont un son du merveilleux. J’aime être devant le four. Je suis une Dame du feu. Le feu offre tellement de cadeaux.
Il y a quelque chose d’insaisissable et d’incontrôlable dans la cuisson au bois qui induit toute la beauté des pièces. Il y a une vibration, une profondeur. Et lorsque je n’ai pas le résultat que j’avais imaginé, je sais que je dois encore travailler. À chaque cuisson, je grandis.
J’aime refaire les mêmes gestes pour améliorer mon travail jusqu’à ce qu’il soit bien fait. La répétition des gestes me plait. La manière dont la pièce est réalisée est importante tout autant que le résultat. Je reviens toujours à ce qui m’importe le plus, le chemin, la voie.
Le chawan et toutes les pièces du thé sont insaisissables. Je sais que j’en ferai tout le restant de ma vie.”
“Je ne me lasse jamais de refaire et refaire. C’est un honneur pour moi de faire ces gestes qui ont été fait auparavant par des milliers de potiers, pendant des centaines d’années. Tout comme je ne me lasserai jamais de faire la gestuelle de la cérémonie du thé.
La transmission fait partie de la voie de la céramique. C’est dans le partage et l’aventure humaine que l’on s’enrichit. J’aime transmettre et faire découvrir la beauté de l’esthétique Wabi-Sabi.
Je mène des stages de céramiques à l’atelier Yūgen, des cours particuliers d’apprentissage du tour japonais à la motte, ainsi que des cérémonies du thé.”


Lisa BOMBIN en 5 dates importantes :
2012 : Rencontre avec Rizü Takahashi.
2013 : Première cuisson sur un four Anagama.
2014 : Découverte de la cérémonie du thé japonaise lors d’une exposition à Giroussens.
2017 / 2020 : Construction de L’Atelier Yûgen.
2021 : Premier stage d’été. Début de mon activité de céramiste à temps complet avec Stages/Cours et Cérémonie du thé.
“C’est une relation d’Amour. Je suis tombée en amour pour la céramique. Je sais qu’elle va m’accompagner jusqu’à la fin.”
Source des photos et des textes : Lisa BOMBIN et Yann san

