Maud THIÉFAINE
(1984-)
Originaire de la Sarthe. Les études l’ont amenée à bouger à Rennes, Paris, Lyon, avec un détour en Chine. C’est ensuite la céramique qui l’a fait atterrir en Puisaye, puis dans le Berry. Elle travaille dans le célèbre Atelier Talbot, à La Borne d’en bas.
“Je préfère le terme de potière, j’y suis attachée car je fais des pots, de l’utilitaire, des objets du quotidien.”
Elle a découvert la céramique, à proprement parler, en 2009. La date de sa première année d’inscription dans un atelier de poterie pour des cours en amateur à Lyon. Mais son premier souvenir avec la terre est bien plus vieux. Avec ses frères et sœurs, ils allaient jouer avec la glaise dans les trous des fondations des futures lotissements.
Photo prise par : Lisa DEREVYCKA
“De formation artistique, un bac en arts plastiques puis histoire de l’art, je me suis ensuite orientée vers la valorisation du patrimoine avec un détour en Chine et des études de cette langue.
La tête pleine d’images, de peintures, d’archéologie, de porcelaines chinoises, et d’idéogrammes. J’atterris dans le monde du spectacle à Lyon.
Mais mes jours préférés sont ceux que je passe dans un atelier de peinture à l’huile et davantage encore dans un atelier de céramique. Ces journées épanouissantes se multiplient avec une pratique dans plusieurs ateliers, des stages, des cuissons bois chez des potiers. L’aménagement d’un petit coin dans le grenier de mon immeuble pour installer mon tour.
Après une pratique amateur depuis 2009 et la rencontre de nombreux potiers sur le marché de potiers des Tupiniers du vieux Lyon. Je saute le pas et me professionnalise en suivant deux formations : tournage et émail, au CNIFOP, à Saint-Amand-en-Puisaye.”
“Je suis allée chez plusieurs potier pour des stages ou des cuissons (Maya MICENMACHER et Nicolas ROUSSEAU, Michel COHEN, Rozenn BIGOT, Sylvie WLOTKOWSKI, Marlène RIFFORD…)
On m’avait prévenue, l’argile colle aux pieds et c’est dur de s’en défaire. Je suis tombée amoureuse de la Puisaye. Je ne m’en éloigne pas trop et m’installe en 2019 à La Borne pour cuire au bois et baigner dans l’atmosphère potière et sympathique de ce village.
Sensible à la beauté de ce qui m’environne quotidiennement. Je fais des pièces utilitaires. De la vaisselle de tous les jours (Utsuwa), des pots de jardin et des vasques, pour créer de la poterie pour chaque coin de la maison. Et des objets liés à mon habitude de vie, pots à compost, entonnoirs à Kéfir et d’autres formes.
C’est difficile de parler de son propre travail, une cliente a utilisé ces mots : « sobre, épuré, rustique et en même temps hyper délicat ». Je crois que ça correspond bien à ce que je crée.”
“Les gestes du tournage sont visibles sur mes pièces, j’aime cet aspect vivant et suis attachée à ce que ma main soit présente, tant dans le tournage qu’à l’émaillage où l’on devine où étaient placés mes doigts. J’utilise divers grès, seul ou mélangés et je réalise aussi des pièces en porcelaine.
La nature est ma principale source d’inspiration. J’ai remarqué que je vais naturellement vers des teintes plus chaudes et colorées en été et que mes émaux sont aux teintes de la brume, de la nuit qui tombe bien tôt en hiver. Je suis contemplative et m’émerveille toujours de la nature, du végétal comme du minéral.
Je crée mes émaux, avec des recettes simples, un maximum de 4/5 matières. J’utilise peu d’oxydes colorants, si ce n’est le fer et le titane. Ponctuellement de la manganèse et du chrome. Si certains émaux ont toujours une place lors de chacune de mes cuissons, je suis toujours en recherche.
C’est une relation passionnante et très prenante avec la céramique, la terre, le feu et les émaux.”
“J’ai des formes que je fais à chaque fois. Je pèse mes balles de terre avec un poids défini. Je travaille sans trusquin ainsi, chaque petite série est légèrement différente, je dirai au grès de l’humeur du moment. Et puis il y a des pièces qui évoluent, les saladiers, les bols, les théières, etc.
Je cuis principalement dans des fours à bois (Four Olsen ou Phénix et Anagama) et plus occasionnellement dans un four à gaz.
La présence du feu est importante pour moi dans le processus. Les flammes et les cendres apportent à la terre et aux émaux une richesse et des surprises. On ne maîtrise pas tout quand on cuit au bois, surtout dans les cuissons longues ou le feu est très présent, où les dépôts de cendre sont nombreux. À La Borne nous travaillons avec les chutes de bois de tonneliers, du chêne.
Je fais en moyenne une cuisson Olsen (12 à 14h de cuisson) par mois et une à deux cuissons Anagama (5 jours de cuisson) en collectif par an.”
“J’anime quelques initiations au Centre Céramique Contemporaine La Borne. Il m’est arrivé d’accueillir des stagiaires d’école de céramique dans mon atelier.
Je ne suis pas la mieux placée car il y a de nombreux potiers plus expérimentés que moi. J’aime échanger sur mon travail et partager sur ce fabuleux sentiment quand nous touchons, modelons, façonnons et tournons la terre.
Je trouve important d’expliquer les nombreuses étapes de ce métier. Montrer la diversité des techniques et de parler des aléas de cette pratique.
Chaque étape est importante et aucune ne me déplait. En fonction des étapes, le travail est différent. Le tournage, le tournassage sans oublier le recyclage de la terre sont méditatifs. La cuisson est existante et fascinante, avec une temporalité particulière. Le rangement du bois, l’enfournement, le temps de cuisson et l’attente avant le défournement. L’émaillage, la recherche et la création d’émail sont des étapes plus studieuses et méthodiques.”
Maud THIÉFAINE en 5 dates importantes :
2009 : Inscription dans un atelier de poterie à Lyon.
2011 et les années suivantes : Bénévole sur le marché des Tupiniers avant d’intégrer l’équipe organisatrice.
2015 : Participe pour la première fois à une cuisson au bois chez Michel COHEN. Inoubliable !
2017 et 2018 : Inscription au CNIFOP, école de céramique située en Puisaye.
2019 : Installation à La Borne.
Photo prise par : Matthieu DERET
Source des photos et des textes : Maud THIÉFAINE et Yann san.