Le pochoir de Keisuke SERIZAWA
Keisuke SERIZAWA 芹沢 銈介 (1895-1984) a été désigné trésor national vivant en 1956 pour son travail de teinture au pochoir Katazome. Il était l’un des principaux membres de la première génération du Mouvement Mingei (artisanat populaire). Sōetsu YANAGI, Shōji HAMADA, Bernard LEACH, Kanjirō KAWAI et d’autres. Ses œuvres, et celles de ces élèves, imprimées sur textile et papier figurent dans d’innombrables collections publiques et privées dans le monde entier.


Source des photos : Shizuoka City Serizawa Keisuke Art museum
Traditional Rural Potteries in Present Japan
Cette carte illustrée (1970) des poteries rurales traditionnelles du Japon. Elle est réalisée par Keisuke SERIZAWA 芹沢 銈介 (1895-1984), maître du Katazome (teinture au pochoir). Intitulée « Traditional Rural Potteries in Present Japan », elle recense et localise les foyers céramiques régionaux encore actifs à l’époque, à travers un graphisme coloré et stylisé. Chaque numéro sur la carte correspond à un centre de poterie. Répertorié dans la légende à gauche avec son nom et sa préfecture. On y retrouve des noms célèbres comme Bizen (備前), Shigaraki (信楽), Hagi (萩), Mashiko (益子) ou encore Tamba (丹波). Emblématiques des six anciens fours traditionnels du Japon (Rokkoyō). Les couleurs vives (bleu, orange, ocre, noir) accentuent les régions et les styles distinctifs de chaque centre. Cette œuvre est aussi un témoignage ethnographique, valorisant les savoir-faire artisanaux régionaux dans le contexte de la modernisation rapide du Japon d’après-guerre. Elle fut publiée par le Mingeikan (Musée du Folk Craft) de Tokyo, illustrant l’esprit du mouvement Mingei fondé. L’approche de Serizawa conjugue art populaire, pédagogie et célébration du patrimoine vivant. Musée Mingeikan de Tokyo.

Source de la photo : metmuseum.org
Carte artisanale des fours populaires japonais modernes
Cette carte artisanale des fours populaires japonais modernes (現代民窯地図), réalisée par le céramiste et artiste Okamura KICHIEMON (岡村吉右衛門). Elle répertorie les fours actifs dans tout le Japon à l’époque de sa création, en 1969, sous l’ère Shōwa (昭和四十四年). La carte présente chaque préfecture accompagnée de noms de lieux célèbres pour leur production céramique. Ils sont inscrits en caractères verticaux dans des cartouches calligraphiés à la main. Contrairement à une carte géographique classique. Celle-ci adopte une composition graphique stylisée, inspirée par l’esthétique du Mingei avec des couleurs douces et des motifs décoratifs. On y retrouve les grands foyers de poterie comme Mashiko, Bizen, Karatsu, Hagi ou Tamba. En haut à gauche et en bas à droite figurent des représentations d’objets céramiques et d’un four traditionnel. Ils soulignent la fonction de la carte comme célébration visuelle de l’artisanat. C’est à la fois un outil de repérage culturel et une œuvre d’art elle-même. Dans l’esprit du renouveau des arts populaires du 20ème siècle au Japon.

Source de la photo : e-nobiru.com
Traditional Rural Potteries in Present Japan
Cette carte ancienne (éditée en 1950), intitulée « Traditional Rural Potteries in Present Japan » par le Musée Mingeikan (民藝館) à Tokyo. Elle répertorie 54 centres de poterie rurale traditionnelle à travers le Japon. Ils sont numérotés sur la carte et listés sur les côtés avec leurs noms et préfectures. Chaque numéro correspond à un lieu réputé pour sa production céramique, comme Mashiko, Shigaraki, Karatsu ou encore Tsuboya à Okinawa. Le style graphique est simple mais expressif. Une typographie manuscrite colorée (rouge, vert, noir) qui reflète l’esprit du mouvement mingei. Celui-ci fondé par Sōetsu YANAGI pour valoriser l’art populaire japonais. Le fond brun et le tracé des frontières donnent à la carte un aspect artisanal et chaleureux. On remarque une prédominance des fours dans l’ouest et le centre du Japon. Témoignant de la densité des traditions potières dans ces régions. Cette carte n’est pas seulement un outil de localisation, mais aussi un manifeste visuel en faveur du patrimoine immatériel japonais. Elle illustre la volonté de préserver des techniques transmises de génération en génération. Et ce, face à l’industrialisation croissante du Japon de l’après-guerre.

Source de la photo : pbagalleries.com
Passé et Futur
La comparaison entre les cartes anciennes (1950) et la situation actuelle permet de comprendre l’évolution du patrimoine céramique au Japon. En comparant les centres mentionnés dans la carte de 1950 et les fours encore actifs et reconnus aujourd’hui. Notamment ceux classés comme Dentō Kōgei, patrimoine artisanal traditionnel, ou intégrés au mouvement Mingei vivant :
Régions ayant (en grande partie) perdu leur tradition potière depuis 1950
- Narushima (Yamagata) – Peu ou pas de traces d’activité céramique reconnue aujourd’hui.
- Hirasakimachi (Aomori) – La poterie de Hirosaki mentionnée a pratiquement disparu.
- Sōma (Fukushima) – Gravement affectée par le tsunami et le nucléaire de 2011, bien que des tentatives de renaissance existent (Sōma-yaki).
- Ushinohama (Kagoshima) – Foyer céramique oublié, sans descendance contemporaine active.
- Onda (Ōita) – Autrefois florissant, mais largement effacé aujourd’hui, souvent confondu ou absorbé dans d’autres traditions régionales.
- Nishishimachi (Fukuoka) – Peu documenté à l’heure actuelle, probablement éteint.
- Akasaka (Fukuoka) – Aucune reconnaissance officielle contemporaine, disparition probable.
- Ryūmonji (Kagoshima) – Pas d’atelier ou de production active connue aujourd’hui.
Certaines régions n’ont pas totalement « perdu » leur tradition, mais celle-ci a été
- Marginalisée ou absorbée par des centres plus puissants (ex. : Mori → Shizuoka / Shigaraki).
- Reconvertie à d’autres formes artisanales ou à l’industrie.
- Conservée uniquement à travers des efforts muséaux ou symboliques (sans production continue).
Conclusion
Sur les 54 centres mentionnés en 1950. Environ 8 à 10 ne sont plus actifs ou visibles aujourd’hui, soit près de 15 à 20 %. Les causes incluent l’urbanisation, la désindustrialisation locale, le manque de transmission et parfois les catastrophes naturelles. C’est pour cela que Maison Wabi-Sabi aide à la revitalisation de la céramique japonaise au Japon et hors Japon.
