Comment choisir sa théière japonaise et l’entretenir

La préparation du thé doit être un moment de plaisir. Il est essentiel de posséder une théière que l’on aime. L’esthétique et le toucher sont des critères tout à fait primordiaux. Alors, Maison Wabi Sabi vous donne toutes les clés pour bien la choisir.

Sources des photos : Yann san / takashimaya.co.jp

Choisir le mode de fabrication : au moule ou au tour

Au moule ikomi 鋳込み : chaque partie de la théière (corps, poignée, bec, couvercle, filtre) est fabriquée séparément, puis assemblée, lissée, finie, exactement de la même manière que pour des théières tournées à la main. 

Le travail au tour est la phase la plus facile, et c’est bien l’assemblage et la finition qui constituent le travail le plus délicat. Au moule, on fabrique entre 5 et 10 théières seulement, par semaine, car cela prend plus de temps.

Opter pour un matériau : terre ou porcelaine

La porcelaine est neutre, n’a pas d’influence sur le goût du thé, alors que les terres (non émaillées) auront toutes des propriétés légèrement différentes. Il est intéressant de débuter avec une théière en terre qui permettra de réussir plus facilement les infusions. 

Il y a plus de théières en terre de très bonne facture (taille, forme, etc) que de théières en porcelaine. La porcelaine reste indispensable pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet en faisant des dégustations. Un hōhin est alors le choix le plus évident.

Se procurer la meilleure théière japonaise

3 types de céramiques japonaises sont connus et reconnus :

  • La céramique Tokoname (Tokoname-yaki) dans la ville de Tokoname, préfecture d’Aichi.
  • La céramique Banko (Banko-yaki) dans la ville de Yokkaichi, préfecture de Mie.
  • Les céramiques en vente chez Maison Wabi-Sabi.

Les potiers Tokoname-yaki et Banko-yaki sont des Kyūsu-shokunin (maîtres artisans de théière). La fabrication de Kyūsu est un domaine à part dans la poterie, un savoir-faire exceptionnel, extrêmement difficile. 

Sources des photos : jpninfo.com / bankoyaki.jp

Choisir une théière en fonction de son usage quotidien

Il reste préférable d’utiliser une théière dont le volume est adapté à l’utilisation que l’on va en faire. La plupart des personnes recherche un produit pour préparer un thé Sencha ou Gyokuro de qualité.

Pour 1 personne, il sera préférable d’utiliser une théière de petit volume, entre 100 et 200 ml. Pour 2 personnes, c’est à partir de 200 ml. Avec un volume de 100 à 150 ml, on pourra préparer de 2 à 3 tasses.

Autour de 250 ml, on aura une théière très polyvalente, qui permet de faire 3 tasses de sencha (thé vert le plus courant), tout à fait correctes même pour une seule personne, et permettra aussi la préparation de thé Hōjicha (thé vert torréfié).

Pour préparer le thé pour 3 à 4 personnes, procurez-vous une théière avec une contenance supérieure à 300 ml.

Filtre à thé : en terre ou métallique

Le non-amateur de thé consomme essentiellement des Fukamushi (thé en poudre) et apporte très peu de soin à la préparation. Les filtres à thé métalliques sont apparus dans les années 70 pour parer au bouchage de filtres à thé en terre.

Il a fallu des années pour mettre au point des filtres à thé métalliques efficaces pour s’adapter au Kyūsu traditionnel mais le résultat est mitigé. Ils finissent par se boucher et à se salir (difficile à nettoyer).

La solution ? Les filtres à thé en céramique très fins que l’on trouve à Tokoname. Takasuke est l’un des fabricants célèbres de théières Kyūsu et autres céramiques au moule. Il est le pionnier de cette technique de très haute qualité.

Sources des photos : thes-du-japon.com / maison-japon.com

L’art de bien verser

La manière dont on se sert d’une théière, d’un Kyūsu en particulier, n’est pas anodine. Peu de gens versent correctement, ce qui n’est pas sans influence sur la question du filtre à thé qui se bouche et même sur le goût du thé.

Il convient de verser doucement, petit à petit, de manière à ce que le liquide ne sorte pas par le bord du couvercle d’une part, mais aussi pour que les feuilles ne viennent pas recouvrir complètement le filtre à thé. 

Ainsi, même avec un thé en poudre et un filtre à thé à l’ancienne, la théière japonaise ne se bouche pas. On peut s’entraîner sans le couvercle. Un versement lent permet en outre de moins remuer les feuilles et d’éviter les goûts très prononcés. Verser en alternance d’une tasse à une autre est plus délicat.

À chaque théière, son couvercle

Que la théière japonaise soit faite au tour ou au moule, le couvercle y est spécifiquement adapté. Chaque théière est cuite avec son couvercle, puis, après cuisson, on effectue une tâche que l’on appelle Futa-awase qui sert à ajuster parfaitement le corps avec le couvercle. 

Si vous cassez le couvercle de votre théière japonaise, il n’est pas possible d’en obtenir un nouveau. C’est donc soit un au-revoir, soit de la colle céramique alimentaire, soit une réparation à la laque et à l’or ou l’argent : le Kintsugi.

Sources des photos : elartedelkintsugi.com / tsugi.de

Comment bien entretenir sa théière ?

Après utilisation, la théière devra être bien rincée à l’eau uniquement pour la vider complètement des feuilles, puis un passage à l’eau très chaude. Elle sèchera plus rapidement. Ne surtout pas utiliser de détergent. Il risquerait de gâcher le goût de votre thé car le dépôt de tanins est normal et recherché.

Il est préférable de ranger votre théière dans un endroit bien aéré, sans le couvercle, avant qu’elle ne soit complètement sèche, souvent l’intérieur du bec reste humide très longtemps.

Une certaine idée du prix

Le budget est un critère de premier ordre. La théière est un accessoire essentiel à la préparation du thé et constitue une part importante du plaisir.

Il conviendra de ne pas acheter une théière japonaise bas de gamme si vous êtes amateur de thé. Les prix pratiqués au Japon sont au minimum de 50 euros, pour se procurer un produit intéressant. Le prix augmente progressivement en fonction de la taille, de l’artiste, de la terre utilisée et du type de cuisson. Le prix d’une théière “artistique” et de qualité sera entre 80 et 500 euros.

Sources des photos : entoten.com / sazentea.com