Anne GESRET
(1976-)
Ayant grandi en Seine-et-Marne, près de la forêt de Fontainebleau, ce n’est pas un hasard si elle a installé son atelier parisien au pied du quartier “la Campagne à Paris” et l’a nommé “l’atelier Forêt”.
“Je suis céramiste parce que je travaille la matière argile, mais je suis surtout potière : je crée des pots, formes familières qui ont un usage et qui font partie du quotidien. Ce mot, qu’on peut trouver démodé, est le plus précis selon moi. Il reflète le mieux mon travail et j’aime sa simplicité.”
“J’ai commencé à faire de la poterie en cours du soir, en m’installant à Paris pour mes études de littérature. J’ai mené ces deux apprentissages en parallèle et on peut dire que j’ai été pendant une vingtaine d’années une “bibliothécaire-potière” avant de me consacrer pleinement à la céramique en 2023.”
“Mes débuts à l’atelier Mire, aujourd’hui Céramique-Paris, m’ont sensibilisée à l’artisanat et j’y ai acquis les techniques de tournage, en commençant d’une manière très traditionnelle, sur tour à pied. Auprès d’Annie Metzger, à l’Atelier Terre de Lune, j’ai découvert des techniques et une inspiration venues du Japon, dont le tournage à la motte et la conception des théières. La préparation du CAP de tournage en compagnie de Grégoire SCALABRE et Christophe BONNARD a renforcé mon goût pour le travail au tour et m’a initiée à la recherche d’émaux. La fréquentation des potières, potiers (et des livres) continue de m’apprendre tous les jours.”
“Je cherche à façonner des pièces discrètement belles et utiles, qui s’installent dans le quotidien mais que l’on se surprend à admirer, et qui ne se démodent pas. Je suis attachée à l’adéquation entre forme et fonction, d’où surgit une certaine beauté selon moi. Mes bols, théières et autres contenants sont en général fins et légers, les formes et courbes sont travaillées et les émaux privilégient la douceur au toucher et au regard, dans des tons naturels.”
“La simplicité des formes anciennes et domestiques, une couleur remarquée dans la nature ou dans une oeuvre d’art, l’émotion d’un moment, d’une rencontre, ou les saveurs d’un plat magnifiées par son contenant, voilà ce qui m’inspire.”
“S’il fallait citer quelques céramistes que j’admire aujourd’hui, je nommerais Gwyn HANSSEN PIGOTT, céramiste australienne inspirée par les céramiques chinoises et les natures mortes de Morandi, Tatsuzō SHIMAOKA 島岡 達三 (trésor national vivant) et ancien élève de Shōji HAMADA 濱田庄司 (fondateur du mouvement Mingei), mais aussi des céramistes contemporains comme Taro TABUCHI 田淵太郎 et ses porcelaines cuites au bois, Chie KOBAYASHI 小林 千恵 pour l’émotion surgie de ses porcelaines, Erna AALTONEN et ses surfaces et couleurs subtiles ou le travail expressif de Philipe DUBUC.”
“Je cuis en four électrique, parce qu’on obtient de très bons résultats avec ce type de matériel, facile à utiliser et à installer dans un atelier urbain. La cuisson haute température finale dure entre 8 et 9 heures, suivie d’un refroidissement d’environ 24 heures.
“Chaque ouverture de four est une surprise, même avec des émaux stables et des cuissons maîtrisées. Je vais m’émerveiller d’un bleu particulièrement profond, de la douceur d’un bol ou de l’effet inattendu d’une superposition.
Et malgré la maîtrise du processus, on rencontre toujours quelques déceptions lors de la cuisson finale haute température.”
“Je fabrique moi-même les émaux, que je travaille non seulement pour leur couleur et leur aspect, mais aussi pour leur qualité tactile : doux au toucher, agréables à manipuler. Je recherche des couleurs naturelles et porteuses d’émotion, vert tendre et blanc satiné, bleu ou brun changeant, en écho avec les caractéristiques d’une terre lisse et blanche ou bien brute et naturellement colorée.”
“Transmettre les savoir-faire, et surtout permettre à chacune et chacun de découvrir son propre potentiel et le plaisir de créer, est important pour moi. Pour accompagner la découverte du matériau argile et mener à bien des projets individuels, je propose des ateliers de découverte et d’approfondissement, ainsi que des stages thématiques autour d’une forme ou d’une technique.”
“C’est l’immense plaisir de travailler la matière qui est au coeur de ma relation à la céramique. Il fait le lien entre la main et l’esprit et j’aime particulièrement les moments où les gestes s’enchaînent instinctivement, faisant totalement oublier la technique.”
Anne GESRET en 5 dates importantes :
1996 : Première fois sur un tour à pied à l’Atelier Mire, Paris.
2001 : Premières ventes privées lors d’un “goûter-potier”.
2007 : Premier voyage au Japon, « Ceramic Tour » organisé par Kayoko Hayasaki : découverte des ateliers japonais et de la place de la céramique dans le quotidien.
2012 : CAP de tournage céramique, mais aussi apprentissage de la recherche d’émaux et du moulage plâtre.
2023 : Installation de l’atelier Forêt à Paris.
Source des photos et des textes : Anne GESRET et Yann san