Histoire de Kyōto
Le Heian-jidai 平安時代 est l’une des 14 subdivisions traditionnelles de l’histoire du Japon. Cette période, précédée par l’époque de Nara, commence en 794 et s’achève en 1185 avec l’époque de Kamakura. Yann san de Maison Wabi-Sabi a découvert le Japon en 2003 et il a eu un coup de coeur pour cette période de l’histoire japonaise.
La période de Heian va de l’installation de l’empereur et de la cour, dans la ville de l’actuelle Kyōto ou Heiankyō (Capitale de la Paix), en 794, à la fondation de l’administration des guerriers à Kamakura, en 1185. Difficulté de la bureaucratie japonaise aux rituels complexes d’une cour raffinée. Cette période est l’époque de ce que l’on appelle l’antiquité japonaise (Kōdai).
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Difficulté de la bureaucratie
Rupture franche au 8ème siècle, durant lequel la cour résidait à l’actuelle Nara ou Heijōkyō (Capitale de la Tranquillité). Au début du 13ème siècle, la cour n’a pas perdu la prise sur le pays en dépit du rôle croissant des guerriers et de leurs administrations.
Le Japon vit sous le régime des codes administratifs et pénaux. Ces codes sont ceux qui touche à l’empereur : descendant des divinités fondatrices, le représentant de la nation, interlocuteur privilégié des divinités du pays, point immobile qui indique les directions et autour duquel gravitent tous ses sujets.
Diriger dans les moindres détails la vie du pays, un gouvernement qui se doit de moraliser le peuple, de le maintenir dans la paix et de permettre la production des rizières et des champs. Un conseil de ministres et de conseillers veillait à la bonne marche de départements ministériels, offices et bureaux hiérarchisés.
Un flot de règlements touchant principalement à la fiscalité, fondée sur des recensements et des cadastres complets. La vie religieuse était aussi très surveillée, celle des sanctuaires consacrés aux divinités du culte national : le shintoïsme ou le bouddhisme.
Les fonctionnaires étaient répartis en neuf rangs, ils devaient savoir lire et écrire le chinois, seule langue écrite jusqu’au 10ème siècle. Sur eux reposait l’administration des sept à huit millions d’habitants des 3 îles principales de l’archipel.
Sources des photos : Yann san – Source du texte : Livre « L’âge d’or du Japon – Heian »
Les régences de la Maison Fujiwara
La montée de la grande maison des Fujiwara, ayant su marier 2 de ses filles avec les empereurs, et grâce à la position de grand-père ou d’oncle maternel du souverain. La montée de cette lignée avait commencé à la fin du 9ème siècle.
Après divers épisodes de rivalités entre frères et cousins, Fujiwara no Michinaga 藤原道長 (966-1028, ministre de 995 à 1018), puis son fils héritier Yorimichi (992-1074, ministre de 1017 à 1068) ont présidé à l’apogée de l’époque de Heian. Riche en enfants et pendant environ cent ans, les empereurs furent tenus en tutelle par leurs parents maternels.
De 1047 à 1065, les trois ministres furent des fils de Michinaga, dont 2 récits historiques, écrits en japonais, leur sont en partie consacrés. Cette gloire lui vient de son habileté à maîtriser la cour et ses intrigues, ainsi que les grands établissements religieux. Elle tient aussi au fait que la seule littérature encore connue a été écrite par des femmes qui ont vécu à la cour de l’empereur Ichijō.
Sources des photos : histoiredujapon.com – Source du texte : Livre « L’âge d’or du Japon – Heian »
La ville de Heian
Heian était alors la seule ville véritable du Japon. Construite sur un plan régulier à la chinoise, elle abritait l’immense palais impérial et les nombreuses résidences des hauts dignitaires.
Ces pavillons construits sur une plate-forme consistaient chacun en un vaste toit soutenu par des piliers. Les murs étaient souvent inexistants et remplacés par des cloisons et volets de bois amovibles ou bien par des stores. Une galerie entourait la partie centrale surélevée d’une marche, sans compter une petite galerie extérieure. L’espace était ainsi hiérarchisé, comme la société elle-même.
Sources des photos : researchgate.net / home.gamer.com.tw – Source du texte : Livre « L’âge d’or du Japon – Heian »
Célébrations civiles, shintoïstes et bouddhiques
La vie de la cour était rythmée par le « Cycle annuel des célébrations », texte qui était inscrit sur une cloison du pavillon où vivait l’empereur. Ce cycle comprenait des procédures administratives assez formelles, des célébrations civiles et religieuses relatives au calendrier, à la divination et à la recherche des jours et directions fastes, appelé « Voie du Yin et du Yang ».
Les célébrations du shinto étaient plus nombreuses que celle du bouddhisme. Les cérémonies shinto étaient célébrées hors de la présence de l’empereur dans les bâtiments du ministère des Affaires des Dieux. Les célébrations bouddhiques ordinaires, au début et à la fin de l’année, ainsi qu’en deux saisons, mais dans la pratique, en cas de maladies, de mauvais temps, de phénomènes naturels inquiétants, il en était commandé.
Source du texte : Livre L’âge d’or du Japon – L’époque Heian 794-1192
Un art de vivre raffiné
Les célébrations absorbaient une bonne part des revenus de la cour et de l’énergie des fonctionnaires, pour la préparation du lieu et des costumes, les repas et le sake offerts à plusieurs centaines d’individus. Elles étaient à la fois un plaisir grâce à l’absorption de sake et au spectacle de musique et de danse. C’est l’aspect de vie mondaine, le goût raffiné pour la musique, les alliances de couleurs, la poésie japonaise, que décrivent les œuvres au travers desquelles l’époque de Heian est connue.
Les œuvres écrites par des femmes, car le syllabaire, mis au point au début du 10ème siècle et permettant de noter le japonais, leur était en quelque sorte réservé, les hommes pratiquant de préférence le chinois japonisé qui était la langue de l’administration.
Le « Genji Monogatari » de Murasaki SHIKIBU 紫式部 (973-1014) : le journal et les poèmes de cette écrivaine. Le « Makura no sōshi » ou « Notes de chevet » de Sei SHŌNAGON 清少納言 (966-1017). La poésie et le journal d’Izumi SHIKIBU 和泉 式部 (970-?) sont connus et traduits dans beaucoup de langues. Comme La poésie en japonais journellement pratiquée dans les échanges mondains ou dans des concours organisés par les membres de la maison impériale et par les hauts dignitaires.
L’image de l’époque de Heian est caractérisée par l’influence des femmes, une vie raffinée et un sens esthétique exercé. Les hommes mettaient leur orgueil à pratiquer la poésie chinoise, considérée comme exprimant la quintessence de la civilisation chinoise. L’époque de Heian a contribué à inscrire dans la conscience de tous ceux qui ont eu à diriger le pays : les normes administratives fondées sur l’écrit, une certaine régularité, le sens des dénombrements.
Sources des photos : tiandi.fr / Yann san – Source du texte : Livre L’âge d’or du Japon – L’époque Heian 794-1192