Florence LUCCHINI
(1981-)
Née dans les Bouches du Rhône, de racines provençales, corses et italiennes, sa vie s’ancre résolument autour de la Méditerranée.
« J’ai découvert la toute première fois la céramique, j’avais 25 ans, lors d’un long séjour au Brésil à São Paulo, lors de portes ouvertes d’un atelier dans le quartier où je résidais à l’époque. Donc complètement par hasard. J’y ai suivi des cours pendant 3 mois, je pensais que cela était un bon moyen d’être en lien avec les habitants du quartier et c’est ce moment-là que la graine a été plantée. »
« Je ne m’y remettrais que deux ans après, à la fin de mes études en France et suite à la perte d’un être cher. L’envie de revenir à la terre s’est imposée à moi, comme une fulgurance qui m’indiquait la voie à suivre pour guérir la blessure. Cela a été le début d’un long cheminement et d’une transformation qui m’a révélée à ma nature profonde. »
« Je me considère tour à tour potière, artisane et céramiste. Les frontières restent poreuses. J’aime la simplicité du mot « potière » qui permet à l’autre de comprendre immédiatement l’objet du métier. Le mot contient une résonance qui ramène à l’essentiel et au sommaire. Quand je le prononce, cela me relie directement à la matière. Avec la notion d’artisanat, il y a cette importance de la gestuelle et de la maîtrise du savoir faire. Et le terme de céramiste ouvre encore plus le champs des expérimentations et de l’expression personnelle. Par moment, j’exprime plus une dimension que l’autre mais chacune me nourrit et contribue à l’inépuisable engouement pour ce matériau qu’est l’argile. »
« En parallèle d’une activité professionnelle dans l’édition, j’ai fréquenté pendant presque 10 ans l’atelier de Laure SULGER et Anne DEBERLY dans le 14ème arrondissement de Paris : Un jour d’atelier. Auprès d’elles j’ai appris à tourner, ainsi que toutes les autres techniques de façonnage. »
« A chaque grands moments de doutes et de crises dans ma vie, la terre était présente comme un aiguilleur pour m’amener vers un chemin plus personnel et lumineux. Je décide en 2015 de faire une pause et de partir 1 an sac au dos à la rencontre de ceux qui pétrissent la terre. Je trace une route de la céramique qui me fait voyager du Mexique, à la Corée du Sud, en passant par le Chili, l’Australie, le Japon. »
« Je m’imprègne des cultures et des savoirs faire, je me nourris de toutes ces rencontres et ce voyage initiatique sera le point de départ de ma transformation professionnelle. De retour de voyage, je postule auprès de la Maison de la Céramique de Dieulefit pour une année de formation intense, j’en sors en 2018 avec la volonté de retourner aux sources des mes racines et d’y installer mon atelier. Ce que je fais en mars 2019 dans le village d’Eyguières au pieds des Alpilles dans un environnement qui sera ma source d’inspiration. »
« Je façonne des objets uniques et authentiques à la frontière entre art et artisanat. J’ai choisi l’argile comme terrain d’expression car elle est la matière qui nous connecte aux grands éléments et nous renvoie à nos Origines. Mon travail se caractérise par la recherche d’une esthétique de la permanence qui cherche à se relier à notre trame universelle. Mes céramiques aux formes sobres et aux lignes tendues évoquent un monde minéral. Chaque pièce reflète une recherche d’équilibre entre douceur des formes et rigueur des lignes, et invitent à une contemplation profonde et sensorielle. »
« Mon environnement proche est ma principale source d’inspiration : un environnement minéral fait de roche calcaire. Un paysage sec à la luminosité ardente. »
« Je cuis en four électrique, pour la praticité car mon atelier se situe dans le centre du village. J’aimerais beaucoup intégrer l’influence de la flamme et pouvoir jouer sur des atmosphères différentes de cuisson. Mais comme cela n’est pas encore possible, j’oriente mes recherches vers des engobes et des traitements de surface qui donnent l’illusion de s’en approcher. La contrainte amènent souvent à emprunter des chemins de traverses. »
« Pour les émaux, j’utilise quelques recettes simples pour les intérieurs de mes pièces mais l’essentiel de mes recherches portent sur des engobes vitrifiés que je vais appliquer de différentes manières afin de créer des superpositions comme des calques et qui vont révéler toute une palette de nuances après cuisson. »
« Concernant ma gamme de pièce utilitaire, je commence à avoir des pièces aux formes bien définies, mais ne réalisant pas de grandes séries, il y a régulièrement des évolutions au niveau des jeux de textures et des nuances de couleurs. Mais d’une manière générale, je dirais que mon travail est en perpétuel mouvement, que je commence seulement à toucher du doigt le cœur de ce qui définit ma pratique. »
« La transmission tient une grande part dans mon activité. J’enseigne le modelage dans mon atelier auprès d’un public adultes et j’interviens régulièrement dans les écoles sur des projets ciblés de plusieurs semaines. J’en suis là aujourd’hui car deux personnes ont eu à cœur de m’enseigner leur pratique et comme un passage de relais, transmettre à mon tour me nourris dans ma pratique mais surtout dans ma vie. La terre comme reliance aux autres. »
Florence LUCCHINI en 5 dates importantes :
2015 : Ma route de la céramique dont 1 mois de résidence à Tajimi, dans la préfecture de Gifu, au Japon. Au « Tajimi City Ceramic Design Institute » – Ishoken
2017 : Mon année au sein de la Maison de la céramique de Dieulefit
2019 : Ouverture de mon Atelier Terre de Sens, après 15 ans de pratique amateur, son ouverture marque mon engagement entier dans la pratique
2019 : Participation à Saint-Sulpice Céramique aux côtés de Laure SULGER lors de l’année dédiée à la Transmission
2024 : Participation à Céramique 11 avec la présentation de mes dernières créations
« La terre est au cœur de ce que je suis, elle est comme un squelette à partir duquel tout s’articule dans ma vie. »
Source des photos et des textes : Florence LUCCHINI et Yann san