
Claire BRIANT et ses créations
(1980-)
Originaire de Nantes. Elle dirait céramiste, bien qu’elle n’aime pas tellement les étiquettes. Elle fait des pots mais pas seulement. Quant à la fameuse question de l’art ou de l’artisanat, disons que sa position favorite est encore celle du funambule.
« J’aime prendre mon temps. Quand tout va vite, je ne ressens pas aussi bien. Mais ralentir et ressentir le pouls d’un espace, ça oui, ça ouvre. Cela me permet d’ouvrir les yeux sur ce qui est. Rien de plus que ce qu’il y a à voir, à toucher ou à sentir. Rien de moins que ce qui peut capturer notre cœur. Je souhaite pouvoir capturer ce sentiment d’appartenance. Après avoir travaillé des années avec des matériaux de récolte, je peux dire qu’il y a une connexion profonde entre la poterie et le paysage dont elle provient. Que ce soit sa couleur, son grain ou cette atmosphère sage et ancienne, la poterie nous parle de cet endroit que certains appellent Maison. »
« C’est encore plus vrai si j’attrape quelques histoires, en m’attardant sur place. Chaque petite chose… Un sentier, une rencontre, un arbre solitaire, le poids du sol, une ondée soudaine, une vieille ferme, le son d’une cloche au loin, une colline abrupte, les fleurs et les oiseaux, le parfum d’une saison. Toutes ces petites et grandes choses trouvent leur chemin lors de la création. De la collecte à la cuisson au bois, de la création à l’usage, j’essaie de donner un corps à cette notion d’espace et de temps, à ce précieux cadeau. »
« En 2005, un soir de printemps. C’était un cours collectif dans la petite ville d’Alexandria, de l’État de Virginie aux États-Unis. Ce fameux soir, ma vie a pris un tournant inattendu. Après ce premier cours, je suis allée m’inscrire pour la session de 9 semaines suivantes. Au début, j’ai appris avec deux potiers américains dans un cours du soir collectif. En rentrant en France, je suis entrée en apprentissage auprès de Grégoire HEITZMANN, à Châteaugiron (44). Je suis restée 6 mois avec lui, jusqu’à devenir autonome dans mon atelier. »


« Aujourd’hui, je travaille la porcelaine, le grès et surtout les matériaux collectés. Ils viennent enrichir ma pâte mais aussi mes couvertes. Ces céramiques sont ensuite cuites au bois dans un train kiln, avec Cyril DENNERY. (Four à bois à flamme directe 1200 litres utiles).
« Il est pratique de pouvoir réduire les temps de cuisson sans perdre trop en résultats. Et finalement, je ne regrette pas ce choix. C’est un four très réactif et agréable à conduire. Je cuis au bois depuis 8 ans maintenant. Entre 2 et 4 cuissons par an, d’une durée de 30 heures en moyenne. Les résultats produits par le passage de flamme et les cendres m’apparaît comme la continuité logique de mon procédé de travail. »
« J’utilise principalement des émaux basiques de type tenmoku, céladon, chun et un blanc. J’utilise également beaucoup de couvertes argileuses, issues de mes terres de récolte. Depuis le début, j’aime chercher. Chercher des formes, des équilibres. J’aime que les objets servent mais si la contemplation est votre fonction de prédilection cela me va bien aussi. Avec le temps, certaines formes me viennent assez naturellement sous les doigts, mais j’essaie de ne pas m’en contenter. »
« J’ai donné des cours particuliers pendant quelques années. Je donne encore un workshop annuel pour Creamik à Séné (56). J’ai aussi des projets en cours avec l’EESAB de Brest. La transmission du savoir-faire est au cœur même du métier. Ces savoir-faire millénaires passent au travers de nous. J’aime trop faire ce métier pour le garder pour moi. À mon sens, la création céramique suppose au moins une complicité avec chacun de ces éléments (terre, feu, eau, vent, céramique et émaux). Ils sont présents à chaque instant. Il s’agit pour moi de trouver l’équilibre entre leur expression et la mienne. »


Claire BRIANT en 5 dates importantes :
2005 : Première découverte. Je ne m’attendais pas à ce changement de vie.
2007 : La rencontre avec Grégoire, l’apprentissage des cuissons.
2016 : Première cuisson au bois ou comment tomber amoureuse de ce qui fait peur.
2017 : Construire un four de dernière minute dans le jardin d’un ami potier parce que je suis entre deux déménagements et que j’ai un salon.
« Aujourd’hui… Ce n’est plus vraiment un métier, c’est devenu toute une existence. »
Source des photos et des textes : Claire BRIANT et Yann san
